CSE face à l’IA : retour d’expérience d’une experte SSCT
Afficher l'article en plein écranEn juin dernier, nous avons réuni à Paris des élu·es, des expert·es et des représentant·es syndicaux à l’occasion de nos discussions engagées autour de l’intelligence artificielle. Deux heures d’échanges pour questionner la place du dialogue social face à une technologie qui transforme déjà le travail. Julie Chambon, experte SSCT chez Syndex, y a partagé les enseignements issus de nombreuses missions menées auprès de CSE confrontés à l’introduction de l’IA en entreprise. Voici un extrait de son intervention.
Sur le terrain, je constate une vraie accélération : depuis plus d’un an et demi, nous sommes de plus en plus sollicités par les CSE, pour comprendre, décrypter et anticiper les effets de l’IA. Les élu·es veulent savoir ce qu’est l’IA, comment elle s’applique concrètement dans leur secteur, et surtout comment en parler avec leurs directions.
Deux types d’accompagnements émergent : la formation pour les outiller, et l’expertise pour analyser des projets déjà en cours.
Mais dans de nombreuses entreprises, les projets IA avancent sans information ni consultation. Les élus découvrent souvent les outils a posteriori. Le dialogue social est trop souvent absent. Cela tient à plusieurs facteurs : un non-respect des prérogatives du CSE, une dilution des responsabilités, un langage flou qui masque l’IA, et un manque d’acculturation des représentants.
Pourtant, les leviers existent : les consultations sur les orientations stratégiques, les projets importants ou l’introduction de nouvelles technologies sont des portes d’entrée légales qu’il faut activer.
Et les effets concrets sont déjà là : outils « volontaires » qui créent une pression implicite, fractures numériques, isolement, bouleversement des pratiques collaboratives, et dans certains cas, des prescriptions algorithmiques très fortes dans les métiers de la relation client. Certains métiers, comme la traduction, l’édition ou le support client de premier niveau, sont clairement concernés.
Cela crée une forme d’ambivalence : entre curiosité et inquiétude, entre gains potentiels et perte de sens. D’où l’urgence d’outiller les élus pour reconstruire un vrai dialogue social technologique.