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Pétrole et gaz : l’équation complexe de la transition énergétique

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Indépendance énergétique européenne, besoin d’accélération de la transition écologique, nécessité de préserver le pouvoir d’achat dans un contexte de forte hausse des prix… autant d’enjeux clés et interdépendants qui sont au cœur de l’évolution des secteurs pétroliers et gaziers. Marquée par la reprise de l’activité économique, l’année 2021 a vu un rebond de la demande mondiale de pétrole et de gaz. Couplé à des tensions sur l’offre, ce rebond a tiré les cours vers le haut, ce qui interrogeait sur la capacité des Etats à maintenir les ambitions environnementales. La guerre en Ukraine renforce ces interrogations avec de nombreux défis à relever pour l’Europe…

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2021 : une année marquée par la hausse des cours pétroliers et gaziers dans un contexte d’accélération de la transition énergétique  

L’année 2021 a été marquée par une reprise de la croissance et donc de la demande en pétrole et en gaz de l’ordre de 5 % alors que la hausse de l’offre a été limitée, ce qui a tiré les cours vers le haut. Du côté du pétrole, l’offre est restée déficitaire, conduisant à la hausse du cours tout au long de l’année en lien avec le contrôle strict de la production exercé par les pays de l’OPEP+, une légère augmentation de la production américaine et le maintien de l’embargo sur l’Iran. À l’inverse du gaz, la demande n’a toujours pas retrouvé les niveaux pré-Covid après la chute de la consommation 2020. Du côté du gaz, les prix ont atteint des records historiques en Europe et en Asie avec la reprise de la demande et une offre limitée (difficultés opérationnelles, impacts de la faiblesse des investissements amont).

En parallèle, les nombreux objectifs environnementaux annoncés dans les domaines public et privé n’ont fait que de se renforcer depuis le début de la crise sanitaire. En 2020, les majors européennes (Total Energies, BP, Shell et ENI) annoncent leurs ambitions d’atteindre la neutralité carbone et visent un développement massif des énergies renouvelables. Côté américain, si le développement des énergies renouvelables n’est pas d’actualité, la pression de la société civile et celle d’une partie des actionnaires ont conduit les majors pétrolières à renforcer leurs activités de capture et stockage de CO2 et à développer l’hydrogène et les biocarburants.

En raison de ces nombreux engagements, l’année 2021 a entraîné les experts du secteur à actualiser leurs scénarios énergétiques de long terme.  

D’une manière générale, l’ensemble des acteurs de l’énergie prévoient une accélération significative de la transition énergétique dans leurs scénarios 2021 par rapport à ceux présentés en 2020. Pour la première fois, l’agence internationale de l'énergie (AIE) anticipe le déclin de la demande de pétrole au cours de la décennie 2030 dans son scenario de référence (STEP). Dans l’ensemble des scénarios, le gaz joue un rôle majeur comme énergie de transition dans le parcours de la décarbonation en se substituant à des sources d’énergie plus carbonées (charbon et fioul notamment) dans l’attente du développement de technologies nouvelles (hydrogène).  

Et pourtant, en 2021, les tensions sur l’offre, la hausse des prix du gaz et le manque de solutions alternatives ont favorisé sa substitution par le charbon dans la production d’électricité dans toutes les régions du monde.

2022 : les perspectives de long terme apparaissent bousculées par la guerre en Ukraine, en particulier pour l’Europe  

Les marchés réagissent fortement aux actions ou annonces de restriction des importations de gaz et de pétrole russes avec une forte progression des cours et une volatilité accrue. En effet, la Russie joue un rôle central dans l’approvisionnement d’hydrocarbures de la planète : elle est le 2e producteur au monde de pétrole en 2021 et le 1er exportateur de pétrole brut, avec des exportations de l’ordre de 7,2 à 8,0 Mb/j chaque année ; elle est aussi le 2e producteur de gaz au monde, soit 17 % de l’offre totale et le 1er exportateur de gaz, avec des exportations d’environ 250 milliards de mètres cubes chaque année, soit 25 % des exportations mondiales.  

Si des alternatives existeraient du côté de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et des États-Unis dans un scénario de défaillance de l’offre de pétrole, les marges de manœuvre semblent plus faibles du côté du gaz compte tenu du poids des exportations russes et des incertitudes sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Côté européen, l’enjeu de l’indépendance énergétique est une nouvelle fois remis au centre des priorités de l’UE et des États membres qui restent souverains quant à la définition de leur mix.

Afin d’assurer une transition « juste » et d’avancer vers une indépendance énergétique abordable pour les citoyens européens, la mise en œuvre de mécanismes redistributifs apparaît fondamentale :

  • Dès le mois d’octobre 2021, la Commission européenne avait publié une communication prévoyant une « panoplie » de mesures possibles au niveau de l’UE et des Etats membres pour faire face aux effets immédiats des hausses de prix énergétiques (aide d’urgence aux ménages, aides d’Etat pour les entreprises, réduction d’impôts ciblés).  
  • Dans le cadre du plan REPowerEU présenté en mars, la Commission a repris des mesures similaires, ainsi que proposé une imposition temporaire des bénéfices dans le secteur énergétique.
  • Lors du sommet des 24 et 25 mars, le Conseil européen a invité les Etats membres à utiliser au mieux ces mesures de protection des consommateurs vulnérables. De nouvelles propositions de la Commission sont attendues en mai sur ces sujets.

 

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