Études

Ingénierie et conseil en technologies : un secteur en forte croissance mais qui peine à recruter et à fidéliser ses salariés

La bonne santé économique du secteur se confirme et les perspectives de croissance sont prometteuses, aiguisant l’appétit de nouveaux acteurs. Reste qu’entre salaires en berne et turnover élevé, le contexte social demeure difficile pour les salariés des grandes SICT1 françaises qui continuent de pâtir d’un manque d’attractivité.

Ingénieur


Porté par la bonne santé de ses principaux secteurs clients (automobile, aéronautique, santé, etc.) et par la transformation numérique de l’industrie et des services, le secteur de l’ingénierie a retrouvé la croissance depuis 2015. Cette dynamique devrait se poursuivre en 2018 selon les prévisions du Syntec Numérique, qui anticipe une croissance de 5,2% cette année. À moyen terme, les deux grands leviers sur lesquels reposent le développement du secteur, le taux d’externalisation et l’investissement en R&D, devraient évoluer favorablement, en France comme en Europe, et donc offrir des perspectives de croissance intéressantes aux SICT dans les années à venir. Selon une étude réalisée par le cabinet Pierre Audoin Consultants, le marché français du conseil en technologies devrait croître à un rythme de plus de 4,4% par an entre 2018 et 2022. Au niveau mondial, Akka anticipe un doublement du marché de l’ingénierie et des services de R&D d’ici à 2022.

NOUVEAUX ACTEURS

Les perspectives de croissance du marché aiguisent les appétits des acteurs traditionnellement positionnés sur l’entrée de la chaîne de valeur industrielle qui ambitionnent de se développer sur les métiers de l’ingénierie. Une partie des prestataires d’exploitation et de maintenance généralistes met ainsi en oeuvre des stratégies de montée en gamme et se positionne aujourd’hui sur certains marchés, comme ceux relatifs aux tâches d’industrialisation (méthodes) et/ou d’exécution de R&D. Parmi eux, on retrouve des acteurs comme Ortec ou encore Derichebourg, qui se positionne notamment sur les métiers de l’industrialisation via sa filiale Atis Aéronautique. Les perspectives de croissance du marché de l’ICT attirent aussi les sociétés d’intérim depuis quelques années, à commencer par Randstad qui a racheté Ausy, le numéro 6 du marché français. Crit et Adecco, via sa filiale Modis, nourrissent également des ambitions sur ce marché.

RELAIS DE CROISSANCE

De plus en plus menacées par l’arrivée de nouveaux concurrents sur leurs activités traditionnelles, les SICT voient dans la transformation numérique de l’industrie un fort relais de croissance et une porte de sortie vers le haut. Elles se sont engagées dans une course vers le haut de la chaîne de valeur, en développant des prestations à plus forte valeur ajoutée sur lesquelles les prix de vente sont plus élevés. Les prestations de transformation numérique de l’industrie sont cependant à la croisée de deux mondes : celui de l’ingénierie et celui des technologies de l’information (IT). Ainsi, les grandes ESN2 dont le coeur de métier est l’IT (IBM, Accenture, Atos, Sopra-Steria, etc.) se positionnent également sur ces marchés en croissance, en mettant en avant leurs expertises en matière de systèmes d’information.

ATTIRER LES CANDIDATS

Dans ce contexte économique porteur mais très concurrentiel, les effectifs du secteur continuent d’augmenter, et les grandes sociétés d’ingénierie embauchent de plus en plus massivement. Dans cette course au recrutement, elles font face à une concurrence de plus en plus forte de la part des ESN et des donneurs d’ordres, notamment industriels. La concurrence est particulièrement vive pour attirer les profils les plus recherchés : spécialistes des systèmes embarqués, de la modélisation numérique 3D, du PLM (logiciels de suivi du cycle de vie des produits), DevOps, spécialistes du Big Data, architectes, chefs de projet, etc. Outre la croissance de l’activité, une part très significative des recrutements est destinée à couvrir la hausse des départs de consultants dans un secteur pourtant habitué à des taux de turnover très élevés en temps normal (de 15% à 30%).

L’EMPLOI DANS LES SICT

Étant donné leurs besoins de recrutement importants et leur mauvaise réputation auprès des candidats, les sociétés d’ingénierie multiplient les initiatives afin d’améliorer leur « marque employeur » en s’appuyant sur les techniques du marketing. Pas sûr que cela suffise, dans la mesure où la rémunération est citée comme le deuxième déterminant de la qualité de vie au travail par les salariés, derrière l’ambiance et les relations avec les collègues3.

 

 

1Sociétés d’ingénierie et de conseil en technologies.
2Entreprises de services du numérique.
3Malakoff Médéric – Etude qualité de vie au travail,octobre 2017.

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