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Auto : à qui et à quoi va le soutien du Fonds de modernisation ? 

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Nos experts ont passé en revue les plus de 300 dossiers d’investissement soutenus par le Fonds de modernisation dans le cadre du plan de relance de l’automobile. Que montrent ces dossiers des orientations données par l’État à son aide au secteur ? Voici ce que nous pouvons en dire.

automobile

 

Ce que nous avons analysé :

  • la description et les objectifs des 314 projets retenus à fin mai ; 
  • qui représentent 800 M€ d’investissement ; 
  • soutenus par l’État à 35% en moyenne. 

À propos du Fonds de modernisation : doté de 200 M€ sur trois ans, ce fonds fait partie des outils mobilisés dans le cadre du plan France Relance initié il y a un an. Il est destiné à soutenir l’investissement des entreprises du secteur, notamment pour faire de la France un champion européen du véhicule électrique.

>> Une moitié des projets concerne des TPE et PME

destinatairesFondsModernisation

>> 4 régions principalement bénéficiaires

regions

>> Un soutien à la sous-traitance classique, mais relativement peu au groupe motopropulseur (GMP) ou aux équipements électroniques

activités

>> Des aides à la modernisation des process plus qu’à l’innovation produit

objectifs

L’invitation à investir du plan de relance donne lieu à quelques projets de saut technologique (4%), d’innovation de produit (seulement 5%), ou visant prioritairement à produire de manière moins polluante.

L’accompagnement du mouvement d’électrification est heureusement bien présent, et concerne un quart des dossiers (deux fois plus que la part des entreprises intervenant dans le GMP, révélant des besoins spécifiques allant au-delà du mix motorisation).

Au côté de projets revendiquant surtout d’accroître les ventes (croissance, export, diversification), une majorité d’investissements vise à diminuer les coûts de production, au travers d’une recherche de productivité et de modernisation des process (dont digitalisation). C’est l’orientation dominante de ces dossiers, bien plus que l’innovation produit.

Le point de vue des experts auto Syndex

Il est heureux que le fonds puisse encourager ces projets d’investissements, réalisés en France, que ces entreprises n’auraient peut-être pas eu les moyens de financer sans cela… même si pour certaines, il existe probablement un « effet d’aubaine ». On peut néanmoins exprimer une crainte et un regret au regard de ces orientations.

La crainte est que les efforts massifs portés sur la productivité et la réduction des coûts pèsent fortement sur l’emploi, sans qu’on ait en contrepartie l’effet de levier d’un gain de compétitivité, dans un contexte de baisse des volumes et de poursuite des délocalisations (en production comme en ingénierie). Doit-on encore croire que, si rien n’est fait sur ce plan, la perte d’emplois serait encore plus prononcée ? Mais on se lasse de la logique du « moins pire » et des annonces de stratégies offensives s’effaçant derrière des perspectives à peine défensives.

En lien, le regret est que peu de ces projets permettent de prendre vraiment le tournant des 10 prochaines années, vers l’électrique (dont l’hydrogène). C’est cette ambition que le fonds devait surtout servir. Mais, appelées à présenter des demandes de subventions, les entreprises ont privilégié leurs priorités de court terme, plus que de faire de la France une championne du véhicule électrique.

Quant à la relocalisation, autre sujet initialement prioritaire dans le plan de relance, nous n’en comptons qu’un sur plus de trois cents (un fabricant de motos). Bien entendu, nombreux sont les projets qui concluent leur présentation par une allusion à la défense de l’emploi, tout autant que ceux qui évoquent leurs efforts en faveur de l’environnement. Il s’agit plus d’un élément de communication que d’une réelle motivation.

C’était l’objet de notre lecture très détaillée, que de faire la part des choses entre le discours et la réalité, entre l’ambition affichée et une trajectoire guidée par l’urgence.  Il reste néanmoins un travail à mener dans les entreprises, quant au suivi de l’impact des investissements, réalisés grâce à des fonds publics, versés sans conditions.

 

>>> Lire aussi : Auto : quand transformation rime avec désindustrialisation

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