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La grande distribution alimentaire est-elle en crise ?

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La stagnation voire l’érosion de la consommation alimentaire dans un contexte inflationniste est source d’inquiétude pour la grande distribution. Les foyers français font face à une hausse de leurs dépenses contraintes sans augmentation de salaire. Cela contraint fortement la consommation des ménages les plus modestes dans un pays où un habitant sur sept vit sous le seuil de pauvreté.

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Selon les données de l’INSEE, la consommation mensuelle des ménages en biens alimentaires a atteint 16,45 milliards d’euros en mars 2022, en baisse de 6,9% sur un an. Ce trou d’air est à prendre avec précaution étant donné l’impact des différents confinements et du télétravail qui ont entrainé une forte volatilité de la consommation (voir graphe). La consommation alimentaire du premier trimestre 2022 ressort néanmoins en baisse 2,6% par rapport au T1 2019 pré-Covid.

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La fin de la spirale destructive de valeur souhaitée par l’encadrement des pratiques dans les lois Egalim s’était traduit par une relative stabilité des prix alimentaires en magasin ces dernières années.

Cependant, l’inflation est bel et bien attendue sur 2022 au fur et à mesure des (re)négociations commerciales. Les produits peu transformés ont d’ores et déjà vu leurs prix fortement augmenter sur les rayonnages ces derniers mois (beurre, sucre, farine, huile, pâtes…) que ce soit à cause des ruptures de production (et de transport) ou la hausse des consommables (emballage, électricité…).

Aux disruptions Covid s'est ajoutée la guerre entre l’Ukraine et la Russie, deux géants agricoles. Les consommateurs français y sont moins exposés contrairement aux populations des pays d’Afrique et du pourtour méditerranéen qui dépendent de ces importations pour leur alimentation. Les distributeurs et fabricants français présents dans ces deux pays en guerre doivent gérer une situation économique et sécuritaire difficile pour leurs employés et fournisseurs ; à laquelle se rajoute une pression politique. Le gouvernement russe menace de nationalisation tandis que le gouvernement Ukrainien souhaite une surimposition des entreprises ayant des activités en Russie. Pour l’agriculture, la hausse du prix des engrais (liée aux sanctions de l’UE contre la Russie et la Biélorussie) risque d’impacter le rendement agricole des saisons à venir ; et donc faire monter encore un peu plus les prix pour les consommateurs.

Un potentiel fléchissement de la consommation en 2022 risque de rajouter de l’incertitude au secteur de la grande distribution alimentaire qui fait déjà face à de nombreuses transformations : le changement des habitudes de consommation ; l’essor de l’e-commerce non-alimentaire et alimentaire ; le développement des enseignes spécialisées en général et du discount en particulier ; ainsi que des cadres législatifs tels que la mise à jour de la loi Egalim ou des restrictions sur l’utilisation des plastiques et des prospectus publicitaires.

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