Études

L'INCERTITUDE LIÉE AU BREXIT PÈSE SUR LE SECTEUR AUTOMOBILE BRITANNIQUE

Le marché automobile britannique s’est grippé en 2017 avec le premier recul des ventes de voitures en six ans, victime de la désaffection pour le diesel et du climat d’incertitude lié au Brexit.

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Les ventes de voitures neuves ont reculé de 5,7 %, à 2,54 millions d’unités selon les chiffres de l’Association britannique des constructeurs et vendeurs d’automobiles (SMMT)[1], qui juge cette baisse préoccupante malgré une demande toujours élevée d’un point de vue historique.

Données

                                                                                     

  1. Society of Motor Manufacturers and Traders.

La dynamique du marché britannique a été stoppée en avril, après l’introduction d’une taxe[2]  sur les véhicules neufs ayant entraîné une augmentation de la fiscalité automobile et neuf mois consécutifs de baisse. Le recul de la demande a concerné aussi bien les voitures particulières (- 6,8 %) que les flottes (- 4,5 %). Ces dernières restent le moteur de la demande locale, avec 52 % des immatriculations.

Le durcissement de la législation carbone dans le contexte post-dieselgate s’est traduit par un recul des ventes de diesel de 17 % en 2017. Les ventes de voitures à essence ont affiché une progression modeste de 2,7 % et représentent un peu plus de 53 % des immatriculations contre 42 % pour le diesel. Les motorisations alternatives ont poursuivi leur essor avec une croissance de près de 35 % et une part de marché désormais proche de 5,0 %. L’électrification du parc devrait s’accélérer dans les années à venir alors que le gouvernement britannique, à l’instar de l’exécutif français, a annoncé courant 2017 son intention de bannir les ventes de voitures à moteurs thermiques d’ici à 2040.

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  • 2. La VED (vehicle excise duty) est une taxe basée sur les émissions de CO2 : 140 £ pour le véhicules essence et diesel, 130 £ pour les véhicules à motorisation alternative (hybrides, bioéthanol, LPG), 0 £ pour les véhicules n’émettant pas de CO2 à l’échappement.

Ford a conservé sa place de numéro un du marché (en volumes), grâce aux best-sellers Fiesta et Focus malgré des ventes globales en repli de 9,7 %. Volkswagen a plutôt bien résisté (0,7 %) et a profité de la contreperformance de Vauxhall[3]  (- 22,2 %) pour lui ravir la deuxième marche du podium. Les constructeurs français ont été particulièrement à la peine avec une chute des ventes de 16,5 % pour Peugeot et de 18,8 % pour Renault dans un contexte d’effets de change défavorables. Seuls quelques constructeurs ont enregistré une croissance modérée de leurs ventes (aux alentours de 5 %), principalement Mercedes, Toyota, Kia et Land Rover.

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La SMMT ne masque pas son pessimisme pour 2018 en tablant sur un recul supplémentaire de la demande compris entre 5 et 7 % compte tenu d’une croissance économique morose et des incertitudes liées au Brexit pesant sur la confiance des ménages, les futures conditions d’accès au crédit et l’avenir des investissements industriels. Les mauvais chiffres de la production viennent quant à eux confirmer la tendance enregistrée sur les immatriculations de véhicules.

PREMIER RECUL DE LA PRODUCTION DEPUIS 8 ANS

La production de véhicules particuliers a atteint 1,67 million d’unités en 2017, soit un recul de 3,0 %, une première depuis 2009, malgré là aussi un niveau toujours historiquement élevé. La baisse atteint - 16,7 % pour les véhicules utilitaires. Si les exportations de véhicules particuliers ont plutôt résisté (- 1,1 %), en raison notamment de la faiblesse de la livre, la production à destination du marché local a décroché (- 9,8 %). La filière moteurs en revanche est restée plutôt dynamique, avec une production en hausse de 6,9 %, à 2,72 millions d’unités, et une croissance des volumes aussi bien à l’export (+ 4,8 %) qu’à destination du marché domestique (+ 9,7 %).

DONNEES

                                                                                           

3. Propriété de PSA depuis l’acquisition des filiales européennes de General Motors par le constructeur français en 2017.

L’industrie automobile britannique, particulièrement résiliente au cours de ces dernières années, reste fortement dépendante de ses exportations : 80 % de la production restent expédiés vers les marchés étrangers, dont près de 56 % vers l’Union européenne. Les pays avec lesquels l’UE a noué un accord bilatéral (Corée du Sud, Turquie, Mexique, Afrique du Sud et bientôt le Japon) pèsent pour 10 % dans les exportations du royaume. En parallèle, plus de 80 % de la demande locale dépend des importations, dont près de 80 % en provenance de l’UE. Ces chiffres à eux seuls illustrent l’importance des enjeux du Brexit pour l’industrie automobile britannique, autrement dit du maintien ou non des conditions d’accès du Royaume-Uni au marché unique dès sa sortie de l’Union fixée officiellement au 29 mars 2019 à 23h00.

DONNEES

 

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