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Mag n°4 - "Objectiver l'égalité professionnelle pour mieux négocier"

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L'égalité professionnelle dans des entreprises peu féminisées n'est pas toujours facile. Prendre du recul est alors nécessaire pour sortir des perceptions et savoir où porter ses revendications. Témoignage d’une élue d’une grande entreprise de services énergétiques.

Marie Hélène Notis, élue au CE, CCE, DP et CHSCT, déléguée syndicale CFE_CGC, conseiller du salarié

« La direction nous martelait que l’égalité professionnelle était un fait dans l’entreprise et que, si quelques cas d'inégalité existaient cela restait marginal. Ce n'était pas ma perception.

PERCEPTIONS

En regardant les échelles de rémunération, j'avais l'impression que les femmes ne jouaient pas dans la même cour que les hommes. Si on considère la moyenne, ça va, mais si on se penche sur les dispersions et les maximums, ce n'est plus le cas. Il n'y a qu'à regarder la composition du Comex, il n'y a pas une femme. Nous avons un accord égalité professionnelle. L'entreprise s'est également lancée dans un label diversité, incluant la mixité femmes-hommes il y a 6 ans. Pourtant, les objectifs de l'accord égalité professionnelle ne sont pas atteints. En particulier pour la féminisation de l'effectif : l'accord fixait des objectifs de recrutement et visait 25% de femmes cadres et 16% de non- cadres.

TRAVAILLER SUR LE PARCOURS

Chez les non-cadres, il est évident que c'est une nécessité, les femmes n'étant pas assez nombreuses. Chez les cadres, on trouve quelques femmes au niveau le plus élevé (5) et aucune aux niveaux intermédiaires (3-4). Elles sont toutes au niveau 2. Cela montre bien que les femmes sont bloquées dans leur progression ! La situation s'est en revanche améliorée au niveau 1, où, en théorie on ne peut rester que 4 ans. Progresser c'est déjà difficile pour les hommes, car la pyramide se rétrécit vite, mais pour les femmes cela devient impossible.

OBJECTIVER POUR AVANCER

A nos remarques sur le recrutement la direction répondait : "ce n'est pas notre faute si les femmes ne viennent pas; vous ne pouvez pas dire que c'est l'employeur qui est responsable." En tant qu'élus, nous avions besoin d'un retour. C'est pourquoi le comité a décidé de faire appel à Syndex. Nous avons commencé par une formation qui nous a permis de maîtriser les concepts et d'être plus pertinents dans notre lecture des informations transmises par la direction. Plus tard, nous avons demandé à Syndex de réaliser une expertise afin de vérifier de manière impartiale ce qu'il en était, notamment sur les parcours et les inégalités.
Le travail de Syndex nous a permis d'y voir plus clair sur un certain nombre de points, mais aussi d'aborder différemment les négociations. Par exemple, sur les rémunérations, les écarts étaient de l'ordre de l'exception. Le travail réalisé depuis quelques années avait porté ses fruits. Notre demande a donc été plus de prévoir une enveloppe fléchée pour les femmes mais pour régler des situations d'inégalité mises en évidences. L'expertise m'a rassurée tout en renforçant ma conviction sur la nécessite de rester vigilant, car la solidité du système n'est pas encore totale.
Notre accord égalité professionnelle arrive à échéance fin 2019. Aujourd'hui, notre principale enjeu est de tout faire pour que davantage de femmes soient embauchées. Nous allons devoir travailler pour attirer les jeunes femmes dans nos métiers."

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